20 Mar 2022

Le Figaro

Dans son nouvel opus intitulé Eden, la cantatrice américaine veut à la fois faire découvrir de grands airs du répertoire tout en défendant la planète. Une réussite.

On pourrait taxer Joyce DiDonato d’opportunisme. Ou lui reprocher de vouloir à tout prix être dans l’air du temps. Ce serait mal connaître la mezzo-soprano américaine. Pour chacun de ses disques, la mezzo-soprano américaine a toujours mis un point d’honneur à dépasser le strict cadre lyrique et à leur donner une dimension politique ou sociétale.

Son dernier-né, Eden, enregistré au Teatro Comunale de Lonigo en Italie est « une invitation à renouer avec nos racines, à contempler l’absolue perfection de l’univers ». Comment la musique pourrait-elle nous amener à redécouvrir l’essentiel au plus profond de nous-mêmes ? Par le mystère qu’elle nous laisse percevoir, avec, par exemple, l’équilibre parfait de la mélodie Ombra mai fu de Haendel, que Joyce DiDonato chante divinement.

Pour ce CD, elle a soigneusement choisi 16 pièces pour leurs correspondances avec les thèmes de la nature, de la Terre et de la place de l’homme dans le cosmos. Elle a aussi déniché quelques perles rares, comme ce Con le stelle in ciel che mai de Biago Marini ou le plus récent Nature, the Gentlest Mother d’Aaron Copland. La cantatrice livre également le premier enregistrement de The First Morning of the World (Le Premier Matin du monde), composé par Rachel Portman sur un poème de Gene Scheer. On voyage donc à travers les siècles, avec cette impression que la grande musique donne du temps au temps. Il faudrait, dit-elle, écouter ce disque « à l’ombre apaisante d’un vieil arbre ». Dans une école anglaise où nous l’avons suivie, elle lançait aux bambins : « En ces temps tourmentés, quelle graine planterez-vous aujourd’hui ? »

Le Figaro